1,3 millions de passoires énergétiques en France en 2024

Le nombre de passoires énergétiques en France reste préoccupant en 2024. Selon les dernières données relayées par Christophe Bordet dans l’émission « Europe 1 Matin Week-End », plus de 1,3 million de logements sont aujourd’hui recensés comme étant de véritables passoires thermiques. Malgré les mesures prises ces dernières années, ce chiffre montre que la transition énergétique dans le domaine de l’habitat reste encore un défi majeur à relever.
Qu’est-ce qu’une passoire thermique ?
On parle de passoire thermique pour désigner un logement classé F ou G au DPE (diagnostic de performance énergétique). Ces habitations consomment une quantité excessive d’énergie pour le chauffage, provoquant des factures élevées pour leurs occupants et un impact accru sur l’environnement. Dans de nombreux cas, ces logements présentent également des conditions de vie médiocres en hiver comme en été, en raison d’un mauvais isolement et d’équipements vétustes.
La réalité du parc immobilier français
La France compte aujourd’hui environ 30 millions de résidences principales, et parmi elles, 1,3 million sont donc considérées comme des passoires énergétiques. Bien que ce chiffre puisse sembler en baisse par rapport aux estimations précédentes (certains chiffres évoquaient jusqu’à 5 millions de logements concernés), il reste particulièrement élevé, surtout à l’heure où les préoccupations climatiques sont de plus en plus centrales.
La baisse apparente de ce nombre est en réalité liée à l’évolution des méthodes de calcul du DPE, modifiées en 2021 pour les rendre plus cohérentes et uniformisées, ce qui a eu pour effet de reclasser certains logements initialement jugés comme passoires thermiques.
Un frein au marché locatif
L’impact de ces passoires thermiques ne se limite pas à une problématique écologique : c’est également un vrai sujet économique et social. En effet, depuis la loi Climat et Résilience de 2021, les logements classés G sont progressivement interdits à la location, avec un calendrier contraignant pour les propriétaires bailleurs. D’ici 2025, les logements classés F suivront, et cette interdiction s’étendra aux logements classés E à partir de 2034.
Ce calendrier réglementaire perturbe déjà le marché immobilier locatif, notamment dans les villes moyennes ou les zones peu tendues. De nombreux propriétaires, incapables ou refusant d’engager les travaux nécessaires, choisissent de retirer leurs biens du marché, ce qui accentue la pénurie de logements disponibles à la location, particulièrement pour les ménages aux revenus modestes.
Le coût dissuasif de la rénovation énergétique
Le principal frein à la rénovation des passoires énergétiques reste le coût élevé des travaux à effectuer. Améliorer l’isolation thermique, remplacer un système de chauffage ancien ou installer une ventilation performante représente un investissement conséquent, difficilement accessible sans aides financières.
Bien que l’État ait mis en place des dispositifs tels que MaPrimeRénov’, les certificats d’économie d’énergie (CEE) ou certains prêts à taux zéro, ces aides sont parfois mal connues ou jugées insuffisantes pour couvrir l’ensemble des dépenses. De plus, la complexité administrative et la nécessité de faire appel à des artisans certifiés peuvent rallonger les délais et décourager certains propriétaires.
Une opportunité pour le secteur immobilier
Malgré ces obstacles, la rénovation énergétique représente une véritable opportunité pour les professionnels de l’immobilier. Notamment pour les agents, les diagnostiqueurs, les artisans du bâtiment, mais aussi pour les investisseurs qui savent repérer un logement à fort potentiel de valorisation après travaux.
Un logement transformé d’une étiquette G à un niveau C ou B retrouve non seulement une meilleure valeur sur le marché, mais devient aussi plus attractif pour les locataires et acquéreurs. Il consomme moins, garantit un meilleur confort et aligne sa performance avec les nouvelles exigences écologiques.
Vers une réponse collective et durable
Face à l’urgence climatique, l’enjeu des passoires énergétiques ne peut plus être ignoré. Il mobilise à la fois les collectivités, les bailleurs, les architectes, les diagnostiqueurs et l’État. La lutte contre ces logements mal isolés implique à la fois une meilleure sensibilisation, une facilitation de l’accès aux aides, et une vraie stratégie d’aménagement du territoire, notamment pour éviter que certaines zones rurales soient désertées à cause de logements devenus impropres à la location.
Ainsi, bien que 1,3 million de logements restent encore à rénover, cette problématique offre aussi un levier pour moderniser notre parc immobilier, réduire notre empreinte carbone, et construire un habitat plus durable pour tous.
Conclusion
Le combat contre les passoires thermiques en France est loin d’être terminé. Toutefois, les opportunités qu’il présente sont nombreuses pour les acteurs du secteur. Comprendre les enjeux, anticiper les changements réglementaires et se positionner en acteur de la transition énergétique devient aujourd’hui indispensable pour tout professionnel de l’immobilier.
Pour les propriétaires, s’informer et agir dès maintenant est également la clé pour préserver la valeur de leur patrimoine et répondre aux attentes des futurs occupants, de plus en plus exigeants sur la performance énergétique des logements.